- Je sais ce que nous allons faire, dit le premier qui était persan. Avec cet argent, nous achèterons de l'angour que nous partagerons.
- Non dit le second qui était arabe. Moi je veux de l'inab.
- Pas question, dit le troisième qui était turc. Ni angour, ni inab, achetons de l'uzüm.
Le quatrième était grec, et il ne fut pas d'accord non plus.
- Moi, ce que je veux, c'est du stafil.
Et leur dispute ne prit jamais fin.
Pourtant, sans le savoir, chacun, dans sa langue réclamait la même chose : des raisins. Une belle grappe à se partager pour calmer leur faim et leur soif.
Conte du poète mystique persan Rümï (1207 1273)
Dans son recueil de philo-fables, Michel Piquemal nous incite à nous poser des questions :
"La langue a un terrible pouvoir : celui de nous rapprocher comme de nous séparer. D'abord parce qu'elle nomme différemment les choses mais aussi parce qu'elle véhicule une culture et une façon propre d'envisager le monde.
Par ailleurs, quand bien même nous parlerions tous la même langue, ces problèmes de communication disparaîtraient-ils? N'y a-t-il que la langue qui nous sépare et nous divise?"
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